Le Chien - P. Darasse

LE CHIEN.

Désert est le foyer et la maison est morte :
Cesse tes cris plaintifs, pauvre être délaissé ;
Tes pleurs ne feront pas que l'on t'ouvre la porte,
Car ton maître est parti, ton maître t'a laissé.
Et tu croyais l'avoir touché par tes caresses ;
Hélas! Apprends de moi qu'en ce monde où tout ment,
Apprends qu'on n'obtient rien par les longues tendresses
Et que le plus aimé n'est pas le plus aimant.
Sois mon ami, veux-tu ? Viens dans la solitude
Douce aux cœurs déchirés ; fuyons l'ingratitude,
La trahison, l'oubli ; viens, fuyons les humains ;
Ils ne te valent pas, toi dont l'âme sans haine
N'a jamais su qu'aimer ! — Et, comprenant sa peine,
Le chien léchait les pleurs qui tombaient sur ses mains.

P.Darasse – « Laeta moesta »  - 1878

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