Les chiens dévoués à leur maître - Légende Seneca -

Iduga, jeune chasseur Seneca (Les Senecas sont l’une des Six Nations de la Ligue iroquoise. Leur nom signifie "Peuple des Grandes Collines"), avait deux chiens, comme lui bons chasseurs. Induga en était très fier et les aimait énormément. Les chiens, de leur coté, savaient apprécier l’adresse de leur maître et sa bonté pour eux.

Un jour d’hiver ils partirent chasser tous les trois vers le nord. Après une longue marche, Induga dressa leur campement dans une forêt. La chasse promettait d’être fructueuse : pendant trois jours, le jeune indien tua plus de gibier qu’il n’en avait jamais tué à lui seul dans aucune de ses expéditions.

Le soir du troisième, il se reposait lorsque, tout d’un coup, ses chiens se mirent à aboyer et se mirent à courir à perdre haleine dans la direction du lac. Induga les suivit une torche à la main.

Après s’être arrêté un instant au pied d’un arbre, l’un des chiens revint vers sont maître et lui dit :

- « Frère, nous allons peut être mourir ce soir. Il y a là-bas un animal étrange et tel que nous n’en avons jamais vu de semblable ».

 

En effet, arrivé près d’un grand sapin, Iduga vit, tout au sommet de l’arbre, éclairée par la lune, une forme qui lui sembla terrifiante. Il distingua nettement une tête où brillaient d’énormes yeux phosphorescents un mufle hideux garni de longue dents aigues et il entendit un grognement lugubre. Induga s’adressa à ses chiens :

- « Laissons le, retournons au campement, nous verrons demain ce que nous pourront faire »

 

Les chiens le suivirent, mais ils lui dirent :

Frère, demain il sera trop tard. Nous allons être attaqués cette nuit. Peut être ne pourrons nous pas nous défendre contre cet animal aux griffes énormes. Il vous faut chercher du renfort au village. Courrez-y vite. Ne prenez avec vous ni torche, ni flèche, qui gêneraient votre course. Nous vous protégerons et pour cela, nous nous ferons tuer s’il le faut »

 

Le jeune homme, comprenant que ses chiens avaient raison, suivit leur conseil. Jetant au loin sa torche, il se mit à courir de toutes ses forces. Il courait depuis un bon moment, lorsqu’il fut rattrapé par l’un des chiens.

- « L’animal est sur votre piste, nous allons essayer de lui tenir tête jusqu’à ce que vous soyez en sûreté. Coures plus vite. »

 

Iduga essaya d’aller plus vite encore. Les rugissements se rapprochaient de lui. Bientôt, les furieux aboiements des chiens indiquèrent que la lutte avait commencé.

Les chiens rejoignirent sans doute le monstre, car leurs aboiements devinrent féroces, acharnés, désespérés même ; puis tout à coup, l’un des chiens se tut. Iduga comprit qu’il avait succombé et voulut essayer de sauver son compagnon en revenant à temps avec ses amis pour le défendre. Cette pensée lui donna l’énergie nécessaire pour continuer de courir plus vite encore.

Enfin, il aperçut les feux du village briller dans le lointain. Il appela à l’aide et tomba épuisé, incapable d’expliquer ce qui était arrivé.

Lorsqu’il revint à lui, il prévint ses amis qui se mirent à la recherche de la bête féroce afin de l’abattre. Il leur fut impossible de retrouver sa piste, mais les traces du combat étaient visibles et sur le sol, à l’endroit où ils avaient désespérément lutté, gisaient les ossements des deux braves chiens, morts pour sauver leur maître.

C’est depuis ce temps là que les Senecas honorent les chiens et les reconnaissent comme les meilleurs amis de l’homme.